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Une épagneule raconte...
15 juin 2011

Écriture - Le langage

De façon générale, le langage utilisé dans un livre dépend de la mode de l’époque, du style de personnages, et de la personnalité de l’auteur.

 

Dans les dialogues, par exemple, le langage doit être tout particulièrement adapté aux personnages. Pensez-y ! Est-ce qu’un homme parle comme une femme? Est-ce que le gérant du Capitaine Creighton (Une grenade avec ça?) parle comme le Capitaine du Romano Fafard (Dans une galaxie près de chez vous) ? Chose certaine, une histoire est plus facile à suivre (et à comprendre), quand la princesse parle autrement que le paysan, et que le lion s’exprime différemment de l’éléphant. Dans certains cas, on peut même utiliser un langage codé (voir Messages secrets, de Marie Bertherat, Milan, 2004)

 

On peut raconter une histoire en utilisant un langage de tous les jours (avec les vieilles expressions de grand-mère et les gros mots de grand‑père). Un de nos plus grands auteurs québécois, Michel Tremblay, a commencé sa carrière en écrivant en « joual » (équivalent québécois de « l’argot » français et du « wallon » belge). C'est un français courant au Québec, mais qui, à l’époque, ne se lisait pas plus dans les livres qu’il ne s’entendait à la radio ou à la télévision.  

 

D’un autre côté, on peut très bien raconter la même histoire en utilisant plein de beaux grands mots, et en conjuguant les verbes au passé simple (comme dans les contes de fée). En 1897, Edmond Rostand a écrit un petit chef d’œuvre, tout en vers (comme c’était la mode à l’époque), intitulé Cyrano de Bergerac. La poésie de monsieur Rostand avait parfois beaucoup de piquant. D’ailleurs, c’est le seul livre qui m’ait obligée à chercher, dans le dictionnaire, le sens des insultes utilisées (le seul que je connaissais était le bon vieux  « gibier de potence »). Le principal personnage de cette histoire, Cyrano, est réputé pour son sens de la répartie et son grand nez. Voici un passage où il explique à un jeune homme, qui tentait de l’insulter, comment le faire avec plus de panache : 

 

·        Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! »

·        Gracieux : « aimez-vous à ce point les oiseauxCyrano
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »

·        Tendre : « faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »

·        Cavalier : « quoi, l'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau c'est vraiment très commode ! »

·        Emphatique : « aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »

·        Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! »

·        Pratique : « voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »

 

  SUGGESTIONS DE LECTURE

  • Au pays des gouttes, de Madeleine Gagnon, Éditions Paulines, 1986
  • Les fables de La Fontaine en argot, de Jean-Louis Azencott,
  • Les Origimots, de Claude Duneton, Gallimard Jeunesse, 2006
  • Matshi, l'esprit du lac, de François Lévesque, Éditions Médiaspaul, 2008

 

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  • Manon Corriveau Côté, poète et auteure de littérature jeunesse, a créé ce blog afin de communiquer avec ses lecteurs. Elle signe ses articles du nom de Camille, personnage du conte "Les mémoires d'un ange poilu".
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